Radar, la machine à cash Ou comment l’État a dépensé à la légère des millions d’euros #Enqueteradar
Près d’un an d’enquête, de tournages, de montage, voici enfin notre documentaire sur les marchés publics qui ont présidé et président à la mise en place de la sanction automatisée en matière de sécurité routière. Un système gigantesque et unique au monde.
Les radars automatiques ont rapporté 860 millions d’euros à l’État en 2018. Cette machine à PV, c’est l’histoire d’une privatisation. Car ce sont surtout des entreprises privées qui font tourner le système grâce à des marchés publics. « Nous avons décidé d’enquêter sur ce sujet parce que c’est inédit, raconte Stéphanie Fontaine, l’une des réalisatrices. Aucun documentaire ne raconte les dessous de ces contrats qui ont représenté en dix ans plus de deux milliards et demi d’euros. »
Avec le collectif Extra Muros nous avons enquêté pendant près d’un an. Nous sommes remontés aux origines du système automatisé des infractions remis au cœur de l’actualité par les Gilets Jaunes.
Nous avons pu interroger les principaux acteurs de l’époque. Des politiques comme Claude Guéant ou Gilles de Robien mais aussi des hauts-fonctionnaires et des cadres des entreprises privées concernées. « Ce qui nous a surpris, c’est l’opacité organisée par le ministère de l’Intérieur alors qu’il est toujours prompt à communiquer sur la sécurité routière, raconte Antoine Champagne, rédacteur en chef de Reflets.info. Dès que l’on sort de la communication officielle, c’est l’omerta. Malgré tout, nous sommes arrivés à montrer comment des entreprises privées ont surfacturé l’État, et comment celui-ci a laissé faire. »
Négligence ? Incompétence ? Favoritisme ? Le documentaire révèle des éléments troublants. Nous nous sommes notamment appuyés sur un rapport confidentiel du ministère de l’Intérieur. Au cœur de notre enquête, on trouve aussi le tout nouveau commissaire européen, Thierry Breton. Deux informations judiciaires sont ouvertes pour favoritisme et prise illégale d’intérêt.